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M-E Lacasse: Après avoir été laissé pour compte pendant des décennies, le Siège aurait-il atteint un certain âge de

respectabilité, le rendant ainsi irremplaçable ?

Pourquoi ne pas avoir décidé tout simplement de construire un nouvel immeuble, comme cela se fait presque systématiquement

à New York ?

M. Adlerstein

:

Parce que le bâtiment est encore tout à fait fonctionnel. Il a bénéficié du travail d’architectes extraordinaires

comme Le Corbusier ou Niemeyer. Construire un nouvel édifice n’aurait pas été très écologique, et surtout, pourquoi détruire

des salles qui, depuis leur création, n’ont pas changé de fonctions ? Le Secrétariat, les salles de conférences, l’Assemblée

générale... Tout cela fonctionne exactement comme au début. Construire un nouveau bâtiment aurait été une grave erreur.

M-E Lacasse: Comment déterminer ce qui est bon à jeter et ce qui doit être préservé, même si ce ne sont que des détails ? Et

comment l’héritage des Nations Unies sera-t-il préservé ?

M. Adlerstein :

Nous préserverons la peau extérieure du bâtiment mais les briques seront nettoyées. Nous conservons les

formes, les couleurs, les sols, les escaliers… Même les meubles seront en grande partie conservés ; ils sont beaux, délicats,

confortables, et seront donc seulement restaurés. Après, certains détails seront mis au goût du jour : les cendriers en acier

inoxydable, par exemple, seront transformés en chargeurs pour BlackBerry.

M-E Lacasse : Je suis étonnée du fait que vous communiquiez de manière totalement transparente sur ce projet. Est-ce en

raison de l’exposition internationale du Siège ou un simple plan de communication pour éclairer ces affaires diplomatiques

qui, post-Wikileaks, restent ordinairement secrètes ?

M. Adlerstein :

Les projets architecturaux sont toujours transparents. On communique pour les employés et aussi pour le public.

M-E Lacasse : Mais n’est-ce pas un peu étonnant en termes sécuritaires?

M. Adlerstein :

Nous sommes très prévenants en matière de sécurité. On ne s’arrange pas pour aider nos ennemis! Nous

travaillons de très près avec la Sécurité des Nations Unies pour nous assurer que l’information que nous divulguons n’est pas

dangereuse.

M-E Lacasse : Pouvez-vous nous parler du quotidien des diplomates dans l’immeuble ? Est-ce que les vraies affaires du monde

trouvent leur issue « à la machine à café » ? Les espaces de détente bénéficient-ils d’un traitement spécial ?

M. Adlerstein :

On a prévu de nouveaux lieux de sociabilisation mais on ne peut pas savoir à l’avance, avant qu’ils ne soient

livrés, quels sont les lieux qui auront la préférence des diplomates. Certains endroits des Nations Unies, des salles avec telle

œuvre d’art ou telle peinture, ont longtemps été les lieux de sociabilité. Ils font vraiment partie du vocabulaire des diplomates.

Ce bâtiment a été construit

avec des architectes du monde entier qui n’avaient jamais travaillé ensemble. C’est aussi un

bâtiment emblématique de paix entre les peuples, et les salles doivent favoriser l’échange.